Je cherchais à réaliser des portraits le plus fidèle possible aux êtres que je connais et ceux que je croise sans les connaître, par mes outils que sont les arts plastiques, la photographie et le multimedia, quête difficile et complexe mais ouverte et curieuse, investigatrice, exploratrice, expérimentatrice…Quoi faire, comment faire qui ne soit déjà fait et si vite voué au passé de la perception et de l’instant toujours unique? Instantanément est venu l’envie de faire davantage contribuer le modèle , meilleur acteur de son portrait et basé sur cette rencontre indispensable fonctionnant comme une révélation interactive sur le plan humain plus que virtuelle ou imaginé, juste outils au service d’un instant, d’une inspiration chargée d’autres choses plus vivantes. L’instant présent alors apparût par l’exploration de l’autre, dans ce jeu des regards croisés et partagés, capturant un geste, un fragment, une pensée, un état d’âme, juste un mot ou un silence…Les facettes que recèle chaque être suivirent, prises dans les calculs algorithmiques. Juste une trace, qui se veut en perpétuel mouvement et non figés aux surfaces apparentes de la photographie ou de l’écran, des stéréotypes et des identités programmées. Des formes se déployèrent également, subtiles et complexes, invitant continuellement à observer l’oeuvre, à l’appréhender par les sens et la liberté d’interpréter, s’imprégner comme on s’imprègne des couleurs, ici celle du corps charnel et spirituel, réel et physiquement investi, peut-être méditer sur nos existences particulières et universelles, nos traces… Etonnant de constater que ces formes répondent aux formes qui existent déjà dans la nature, les constructions et bien d’autres éléments de la matière naturelle ou construire, nous même faisant partie…Entre le flot d’images à peine appréhendées, le flux des connexions virtuelles (est-ce là des rencontres humaines enrichies de tous les aspects et potentiels?), des imaginaires foisonnants irréels et de nos vies parfois fragmentées, répétitives par certains aspects et pourtant toujours uniques, dans un mouvement qui nous dépasse, juste un instant, l’instant présent et celui d’une simple et sincère rencontre…dans nos différences et ressemblances. La création n’est-elle pas à même de dépasser nos différences culturelles plutôt que de se cristalliser dans des identités et des présupposés, voir des idéologies? De remettre en son coeur l’être humain, de le faire vibrer et exister dans l’instant, révéler et valoriser ce qu’il est réellement et simplement, par son corps et son âme suffisamment prolifiques, plus que de rester encore un objet d’étude et prétexte, éloignés de lui-même et des autres, des interrelations qui nécessitent la présence, la rencontre réelle, physique et spirituelle, justes et enrichies les uns des autres et de ce « contact » neutre et ouvert…L’usage de technologies de l’informatique interpelle, est-il vraiment au service et au bénéfice de l’être humain ?Les projections fantasmatiques et la prédominance des capteurs et algorithmes rend-elle compte sincèrement de la nature humaine et de son devenir ? 3 Des interprétations et des fragments parfois limitants et réducteurs, au service de la machine, réduit à un seul élément (le mouvement, un geste, une pulsation), qu’en est-il de nouveau et de réel ? En quoi cela rend-il compte de la réalité humaine et de la vie, de sa vérité plus ample et plus complexe, largement déployée elle-même et en perpétuel mouvement, du corps ou de l’âme, des interactions possibles avec son environnement autrement machinique et si riche? Sans à-priori, je ressens que ce n’est pas toujours le cas, la technique dominant le sujet et l’objet principal et créatif et sans ces à-priori technicistes sacralisant la science et les technologies, reste à explorer et ressentir, trouver un espace d’existence réelle et d’appropriation de l’expression humaine et ouverte à tous. Au final je ne pourrai rien écrire, car il n’y a que l’instant présent , la vibration et le partage en temps réel qui m’intéresse, les perceptions, les sensations et les pensées les formes qui sont aussi éphémères, changent même infiniment sans le voir, et vouées à se renouveler, constamment…telle le flux humain et de la vie… nécessaire et infime…là le mécanisme créatif…